Dans les colonnes du Bulletin de l’Ordre des pharmaciens (n° 333, avril/mai/juin 1991, pp. 163-166), le Pr Albert German, président en exercice de l’Académie nationale de pharmacie, soutient des thèses injustifiables sur le virus de l’immunodéficience humaine, cause du sida.
Parmi d’autres aberrations, il va jusqu’à vanter le VIH pour avoir eu le « génie de s’attaquer » en priorité aux homosexuels et aux toxicomanes. Il désigne du coup ces catégories de personnes comme étant les responsables de la mort des hémophiles et des transfusés. Le Pr German estime enfin qu’il est vain de lutter contre la dissémination du VIH en promouvant l’usage des préservatifs.
On peut s’étonner que des propos d’une telle ignominie, véritable injure aux personnes touchées par le VIH comme à tous ceux qui mènent la lutte contre l’épidémie, incitation particulièrement insidieuse à la malveillance et à la discrimination face à une maladie qui appelle au contraire raison et solidarité, puissent être tenus par le président d’une congrégation aussi prestigieuse que l’Académie nationale des pharmaciens (par ailleurs reconnue d’utilité publique) et ce, de surcroît dans une publication qui est l’organe officiel de cette profession.
Profondément outrés, les signataires du présent communiqué espèrent que le Pr German prendra toute la mesure de l’énormité de ses propos et s’en excusera publiquement. A défaut, la profession des pharmaciens dans son ensemble s’honorerait de dénoncer ces propos.
Françoise Héritier-Augé, présidente du Conseil national du sida
Jean-Paul Lévy, directeur de l’Agence nationale de recherche sur le sida
Dominique Charvet, directeur de l’Agence française de lutte contre le sida